
C’est lors d’une matinée pluvieuse de décembre, juste avant les fêtes, qu’Emmanuelle a franchi la porte de nos locaux. Elle est arrivée avec les bras chargés d’un saladier en céramique rempli de chocolats, une création qu’elle avait réalisée elle-même en guise de remerciement pour notre équipe. Ses yeux reflétaient à la fois l’émotion de ce moment et une certaine appréhension. « C’est difficile d’oser dire que ça va« , m’a-t-elle confié en s’installant.
Quelques mois plus tôt, en août, Emmanuelle a perdu son mari, suivi dans ses derniers instants par notre équipe de soutien en soins palliatifs. « C’est lui qui m’a orientée vers vous. Il avait laissé un petit mot sur son bureau avec le numéro de votre psychologue, comme pour me dire de continuer avec vous après son départ. » Cette main tendue, elle l’a saisie, trouvant d’abord un accompagnement individuel, puis un prolongement naturel dans l’atelier de carnets de deuil© organisé cet automne.

Un soutien continu pour les familles
Ce qui l’a particulièrement marquée, c’est la continuité de l’accompagnement proposé par PalliaNam. « C’est rare qu’une association prévoie à la fois le soutien pendant les soins palliatifs et l’accompagnement après, dans le deuil. Cela donne le sentiment de ne pas être abandonnée, d’être prise par la main du début à la fin. »
Elle a participé à l’atelier de carnets de deuil© comme une étape dans ce cheminement, sans vraiment savoir ce qu’elle allait y trouver.
Bien qu’elle soit céramiste et photographe, avec une solide formation artistique, Emmanuelle a découvert que ces compétences n’étaient ni nécessaires ni particulièrement utiles dans cet atelier. « Il ne s’agit pas de créer quelque chose de joli, mais d’exprimer ce qu’on ressent. Et pour ça, il n’y a pas besoin de savoir dessiner ou peindre. Les techniques proposées sont accessibles à tous, peu importe où l’on en est dans son deuil. » Elle a même eu l’occasion d’apprendre des méthodes nouvelles, simples mais puissantes, qui l’ont aidée à laisser ses émotions s’exprimer librement.
Le carnet : un outil intime et puissant
Au fil des deux jours d’atelier, Emmanuelle a découvert la force de ce support. « Le carnet permet de s’exprimer avec des mots et des techniques artistiques pour illustrer ce qu’on ressent. Tout reste intime. Ce que j’ai créé n’appartient qu’à moi, et même si quelqu’un le feuilletait, il ne pourrait pas en comprendre le sens. C’est un espace de liberté et de sécurité.«
Elle a également été touchée par la symbolique des activités proposées : « Utiliser de l’encre pour ‘ancrer’ mes émotions, découper une fenêtre dans une page comme un passage vers l’après, ou encore terminer par une page blanche… Tout cela m’a aidé à avancer.«
La force d’un collectif bienveillant
Emmanuelle a trouvé dans cet atelier un équilibre précieux entre le travail individuel et la dynamique de groupe. « Chacun travaille sur son propre carnet, mais être ensemble crée un lien. Je me suis sentie moins seule. » Elle a souligné l’importance de l’encadrement bienveillant de notre équipe : « La psychologue qui anime l’atelier sait nous mettre en confiance et nous guider, peu importe nos compétences artistiques ou l’étape de notre deuil. »
Un message pour celles et ceux qui hésitent
Emmanuelle recommande l’atelier à celles et ceux qui hésiteraient à franchir le pas. « C’est une belle opportunité de trouver un espace pour soi, pour exprimer ses émotions autrement. Peu importe vos compétences ou l’étape où vous en êtes dans votre deuil, il y a toujours quelque chose à en retirer.«
Elle a également souhaité remercier l’équipe pour son travail et son dévouement : « Vous avez su me soutenir quand j’en avais le plus besoin. Ces ateliers sont une vraie continuité de ce que vous faites pour accompagner les patients et leurs familles. Continuez. Ce que vous proposez est précieux.«
Avant de partir, Emmanuelle a ajouté qu’elle envisageait de participer au cycle de conférences sur le deuil organisé par PalliaNam au 1er semestre 2025 : « C’est une belle manière de continuer à avancer, petit à petit. »





